Critique 1017 - Pour en finir avec novembre
Présentation de l'éditeur
Pour en finir avec novembre explore le destin de quatre jeunes hommes, exaltés par les événements d'octobre 1970, qui décident de se lancer dans l'action terroriste. Leur tentative vaine aura des répercussions durables sur leurs vies.
Tandis que les années les ont séparés, chacun suivant son chemin et tentant d'oublier cette tragique nuit de novembre 1970, le décès d'un membre du quatuor va les réunir de nouveau. C'est alors que commencent à arriver de mystérieuses lettres...
Premier roman graphique écrit par Sylvain Lemay et illustré par André St-Georges, Pour en finir avec novembre est tout à la fois un suspense psychologique et une réflexion sur la société québécoise -- et plus particulièrement celle de la région de l'Outaouais -- des années 1970 jusqu'aux lendemains du second référendum sur la souveraineté du Québec.
Octobre 1970... Loin d'être le mois le plus glorieux de toute l'histoire du Québec, ce petit îlot de francophonie perdu au sein d'un océan d'anglophiles. Perdu? Peut-être. Mais pas plus que ne l'était au sein de l'Empire romain ce petit village fictif de gaulois sympathiques que l'on retrouve dans les aventures créées par le regretté René Goscinny et le maître Albert Uderzo! Quoi qu'il en soit, pour les québécois, octobre 1970 représente une variété de choses, telles que le début de la fin d'une ère d'oppression par l'église et les industriels anglophones, le tremplin vers le premier référendum pour la séparation du Québec, mais aussi, la montée en scène du Front de Libération du Québec et l'apparition de cellules de tarés qui pensaient devenir les prochains Che Guevara!
Octobre 1970... Un mois funèbre où il valait mieux rester éloigné des boîtes postales, et qui, suite au zèle d'écervelés, s'est clôturé avec un bilan fort dévastateur, surtout pour le ministre provincial du travail Pierre Laporte. Cependant, en ce qui concerne plus précisément cet album, le mois d'octobre représente le moment où démarre le récit, et pour être encore plus précis, le soir du 8 octobre 1970, alors qu'est lu à la télévision de Radio-Canada le Manifeste du FLQ. Après avoir entendu ces paroles mémorables, les quatre protagonistes décident à leur tour de marquer l'histoire. Seulement, ils n'ont aucune idée comment. Pourtant, ceci ne les empêche pas de créer, à plusieurs centaines de kilomètres de la ville de Québec, un nouvelle cellule de sympathisants du FLQ: la cellule Montferrand! Quelques semaines plus tard, la SAT de la police de Montréal et Poupette infiltrent le FLQ. Or pendant ce temps, à Hull, les 4 jeunes hommes sont toujours en émoi devant le mouvement FLQiste et décident de passer à l'action...
Alors qu'une partie importante de cette histoire se déroule en plein coeur de la Crise d'octobre, il est à noter qu'il n'est pas nécessaire d'être un historien ferré dans l'histoire du Québec pour profiter du récit imaginé par Sylvain Lemay. De fait, tout au mieux, une mise en contexte à la Wikipédia est appréciable, mais les détails concernant cet événement ne sont pas nécessaires. Ceci est rendu possible grâce à l'approche du scénariste, lequel a opté pour l'aspect psychologique du remords sur ses personnages, plutôt que s'enliser dans un parcours critique de l'ensemble des faits et gestes de cette période. Ce judicieux choix de la part des auteurs rend ainsi l'oeuvre beaucoup plus accessible, si bien qu'elle devrait aisément être "internationalisable".
Relatée sous forme d'une succession de retours en arrière bien délimités (pour chaque scène le lecteur est en effet informé du mois et de l'année où se déroulent les événements), cette histoire illustrée par André St-Georges réussit fort bien à capter l'attention du lecteur, lequel est stimulé de lire l'album tout d'un coup, et ce, malgré son nombre de pages important. Il naviguera donc à travers plus de 25 ans d'histoire commune aux quatre personnages principaux, tout en se rattachant au mois de novembre 1996 qui agit en tant que point d'ancrage du récit, avant arriver à la fin surprise très intéressante pour clôturer l'histoire. À découvrir!
½ /5